22 décembre 2009
Le rêve
Trouvée transie de froid au pied de la cathédrale et recueillie par le couple Hubert, Angélique Rougon grandit entourée d'amour. Ses bienfaiteurs sont brodeurs. Leur profonde et sincère piété s'exprime dans leur travail et dans les broderies dont ils parent les vêtements et ornements ecclésiastiques destinés à la cathédrale. Angélique est un modèle d'obéissance et de renoncement. Fine brodeuse, elle travaille aux côtés des Hubert dans leur atelier. Jeune fille rêveuse, elle attend un amour immense. Et il y a ce garçon qui apparaît un soir sous son balcon, un jeune peintre verrier. L'adolescence et le jeune esprit d'Angélique déjà bouleversés par la découverte de la Légende dorée font de cette apparition céleste la révélation qui changera sa vie, qui la rendra égale aux vierges saintes qu'elle admire tant.
Voilà un Zola en odeur de sainteté! Nous avons la Légende dorée et l'hagiographie en général. Nous avons aussi les doux prénoms des héros Angélique et Félicien, c'est-à-dire un ange annonciateur et un jeune homme qui vit sa passion jusqu'au bout. On se promène entre les surplis, les chasubles brodés et les vitraux peints des cathédrales. Décidément, je suis toujours impressionnée quand je lis un Zola: il a un don particulier pour créer une atmosphère différente dans chacun de ses livres.
La narration se déroule silencieusement et avec recueillement, dans une espèce de pénombre sereine propice à la méditation. La jeune Angélique, bien mystique il faut le reconnaître, rachète par sa conduite douce et modeste et par ses rêves de pureté toute une lignée dévoyée. L'atavisme des Rougon ne prend pas chez elle. Ce livre semble être une pause dans l'ensemble de la série, une respiration éthérée loin des violences et des folies qui caractérisent les membres de la famille Rougon-Macquart.
Je l'ai lu il y a au moins dix ans et j'en ai gardé un souvenir attendri. Et c'est sur ce souvenir que j'ai écrit mon billet. Un peu d'indulgence si vous êtes des spécialistes de la question... J'avance comme je peux dans mon challenge!
Commentaires sur Le rêve
- Dis donc ! T'as encore un très beau souvenir de cette lecture ! Très sensible. On sent l'apaisement mystique du roman. Ca me plaît ! Je me rends compte que je l'ai tout d'abord confondu avec 'L'Oeuvre', au mysticisme artistique plus destructeur (donc rien à voir !). Merci pour ce billet, je vais replonger dans mes pléiades
- Grâce à George, je découvre ce beau challenge.
Le rêve est le premier Zola que j'ai lu, le temps des longues soirées en internat, tout d'abord car il était court et qu'il se déroulait dans la région de mon enfance. Seul, l'Argent n'a pas été ouvert ou si peu : peut être une occasion de le lire. Et Rome, Paris, Londres des centaines de pages, cadeau familial de ces dernières années, non lus.
Depuis, Zola, c'est 57 cm de linéaire dans ma bibliothèque, c'est aussi la plus belle rue de Troyes, jonchée de merveilleux toits du XVIème siècle.