Des galipettes entre les lignes

Chroniques littéraires.

14 décembre 2010

Construire un feu

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Construire_un_feu_London

Nouvelle de Jack London.

Dans le Grand Nord américian, un homme avance seul pour rejoindre ses compagnons. Pas si seul toutefois, il est suivi d'un chien qui sait bien qu'il fait trop froid pour s'aventurer dans la nature."Le chien, déçu, regardait le feu avec regret. Cet homme ne savait rien du froid." (p. 28) Mais l'homme ne pense pas, c'est son premier hiver. "C'était un fait, il [...] éprouvait le froid et l'inconfort, et rien de plus. Cela ne l'entraînait pas à méditer sur sa fragilité de créature à sang chaud ni, en général, sur la fragilité de l'homme, qui ne peut vivre, qu'entre d'étroites limites de températures." (p. 10) L'homme a négligé les conseils des anciens, il ne souscrit pas au bon sens. Il ne comprend pas la nature contre laquelle il croit pouvoir gagner. Dans sa marche solitaire, il tombe dans un trou d'eau. Ses pieds et ses jambes gèlent immanquablement. Sa seule chance est de construire un feu. Mais l'homme néglige encore le bon sens. "Dans sa lutte contre le froid, l'homme était en train de perdre." (p. 57)

Construire_un_feu_Chabout_Bande dessinée de Christophe Chabouté, d'après le texte de Jack London.

Le texte de Jack London est repris avec parcimonie, quelques phrases percutantes soulignent le dessin. Mais ce qui prime, c'est l'image. La nature apparaît blanche et noire, grise et dénuée de toute chaleur. Les quelques flammes que l'homme parvient à allumer déchirent la page, ne trouvent pas leur place dans cet univers figé, enseveli sous une glace qui semble éternelle.

Je suis une incorrigible amie des bêtes: un chien dans un texte retient toute mon attention. J'ai été frappée par la relation entre l'homme et l'animal dans cette nouvelle. Rien à voir avec Croc-Blanc qui m'avait fait verser des seaux de larmes! Ici, l'animal a l'intelligence que l'homme n'a pas, et il n'est qu'un outil, bon pour tâter les terrains incertains et peut-être se réchauffer.

Cette nouvelle de Jack London est loin d'être celle que j'ai préférée. Mais l'auteur sait créer une atmosphère glaciale, que ce soit par l'abondance du champ lexical de l'hiver et du froid ou par la syntaxe. Les phrases sont courtes, hâchées, dépourvues de sentiment. Et surtout, l'homme noyé dans l'immensité de l'hiver ne suscite aucune compassion: méprisant voire arrogant, il est perdu par sa stupidité fanfaronne. Petit conseil: lire le texte et admirer la bande dessinée bien au chaud! Les phrases et l'image ont de quoi vous refroidir!

Posté par Lili Galipette à 10:05 - Mon Alexandrie - Lignes d'affrontement [4] - Permalien [#]
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Commentaires sur Construire un feu

  • Bon ben tu me donnes plus envie de relire Croc-Blanc que cette nouvelle mais c'est déjà un bon point

    Posté par zarline, 14 décembre 2010 à 11:21 | | Répondre
  • @ Zarline

    Héhé, Croc-Blanc reste un incontournable.
    Mais Construire un feu n'est pas une mauvaise nouvelle, disons qu'elle souffre de la comparaison...

    Posté par Lili Galipette, 14 décembre 2010 à 12:33 | | Répondre
  • je ne connaissais pas cette nouvelle de London, merci pour l'info !

    Posté par George, 14 décembre 2010 à 14:40 | | Répondre
  • @ George

    À ton service ma belle!

    Posté par Lili Galipette, 14 décembre 2010 à 14:45 | | Répondre
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