09 avril 2011
Ensemble, c'est tout
Roman d'Anna Gavalda. Lettre G de mon Challenge ABC critiques de Babelio.
Ce roman d'Anna Gavalda fait partie de ceux dont on parle tellement que je ne veux pas les lire. Mais à force d'entendre des "Oh non, il est trop bien/génial/méga chouette", des "Le meilleur roman que j'ai lu", des "Comment ? Avec tout ce que tu lis, tu n'as pas encore lu celui-là ?" et surtout des "Ce roman ? De la crotte en barre !", j'ai décidé - des siècles après tout le monde - de me frotter à ce texte. Que les personnes qui se reconnaîtront dans les expressions ci-dessus ne m'en veuillent pas, elles auront eu ce qu'elles voulaient ! Et il me fallait bien un challenge pour me décider à lire ce livre...
Paulette Lestafier est une vieille femme qui ne peut plus vivre seule. Camille Fauque a 27 ans, est maigre comme un clou, travaille comme femme de ménage et dessine merveilleusement bien. Franck Lestafier est un jeune cuisinier talentueux et un homme bourru. Philibert Marquet de la Burbellière, fils de marquis, féru d'histoire et maladivement timide, habite un immense appartement en plein coeur de Paris. Les hasards rassemblent ces quatre personnes dans l'appartement bourgeois qui devient une "Arche de Noé" (p. 122) où chacun est heureux de trouver les autres pour se reconstruire et reprendre goût au monde.
Ce roman est plaisant, juste plaisant. On ne s'ennuie pas. L'émotion y est facile et dégoulinante. La réflexion est superficielle et de seconde main. Les discours sur les intellectuels, la misère, le malheur et le bonheur sont réchauffés à souhait et servis à point au comptoir du bar du coin. Des morales gentiment humanistes et niaises rythment l'intrigue. En gros, "Tout ce que vous donnez vous sera rendu au centuple" ou "Recevoir permet d'apprendre à donner" ou encore "Aimer est plus fort que d'être aimé", comme disait l'autre.
On s'en doute, il n'y a pas de bons mélos sans une romance un brin difficile. Camille et Franck se reniflent longtemps avant de se trouver et, même après ça, ce n'est pas gagné. De là à dire que Gavalda galvaude les sentiments, il n'y a qu'un pas que je franchis d'un bond. L'historiette est sympathique. Ne soyons pas vache : ils sont tous vraiment charmants et adorables, ces êtres cabossés qui ont tous souffert. Cette version de l'auberge espagnole à la sauce bobo se laisse avaler, mais attention à l'étouffement : tout finit dans la meringue et dans la pâte à choux ! On m'a fait passer le plat, j'ai goûté, mais je ne me resservirai pas.
Commentaires sur Ensemble, c'est tout
- Bien résumé! Je suis venue, j'ai vu, je reviendrai plus!
- La vache, t'es dure ! Je l'ai lu il y a 7 ans, à sa sortie et je l'avais adoré... Oui, un gros pansement, c'est l'effet ! Oui, il faut sûrement un moment particulier pour l'apprécier et je serais curieuse de le relire aujourd'hui histoire de comparer. Mais je ne le ferais pas, parce que je préfère en garder un joli souvenir.
Ca fait du bien parfois de se laisser porter sans trop réfléchir à ce qu'on lit, non ? C'est pas parce que c'est pas intello que c'est mauvais.
Gavalda, c'est surtout l'émotion, et j'ai trouvé l'histoire vraiment jolie.
Je la compare à JJ Goldman (que j'aime aussi !).
Moi je préfère voir les gens lire Gavalda plutôt qu'avaler sans discontinuer des romans bit-lit avec la super héroïne vampire amoureuse d'un loup-garou qui saute sur tout ce qui bouge et qui peut tuer avec sa bagette magique.
Enfin bref, l'en faut pour tous les goûts mais la vache, t'es dure ! (je me sens un tantinet diminuée d'avoir aimé) - @ MéloAttention, ne me fais pas dire le contraire de ce que j'ai écrit. Si je n'ai pas aimé, ce n'est pas parce que ce n'est pas intello, mais plutôt parce que ça se donne des airs de l'être sans s'en donner les moyens.
Les bouquins légers et qui ne se prennent pas au sérieux, je n'ai rien contre, mais il faut qu'ils jouent ce jeu-là honnêtement.
Pour ce qui de la bit-lit, oui, à choisir, Gavalda. Mais il y a tant de textes accessibles à bien des lecteurs. La promotion est peut-être mal faite ou les gens n'osent pas, mais la majorité des titres qui sortent aux rentrées littéraires peuvent être lus par tout le monde !
Et je ne me suis pas moquée de ceux qui ont aimé le livre. Chacun ses goûts. Ce livre ne correspond pas aux miens.
Bonne semaine. - Je ne l'ai pas lu mais j'ai vu le film (bien aimé) et ai lu d'autres textes de Gavalda.
C'est vrai qu'on sait à quoi s'attendre avec cette auteure. Personnellement je la lis surtout pour ses petites expressions bien à elle comme "elle a dormi à l'hôtel du cul tourné" et qui me font toujours sourire.
Cela dit, j'aime beaucoup ton image du pansement à usage unique et je ne pense pas que je relirai les textes déjà lus. - Pour ne pas penser !!J'aime beaucoup Anna Gavalda (et ouais et Nyssen et Rilke et Camus), ce n'est pas une question de lire de "l'intello" plus que du "mélo", mais plutôt une sensibilité à un moment précis. Celui-ci n'est pas mon préféré, et ce n'est pas des livres que je relis non plus mais j'avoue qu'elle a une légèreté de ton (et parfois de fond je te l'accorde) qui fait du bien en période où l'on n'a pas envie de penser à quoi que ce soit !!
- Une amie de prépa l'a lue et m'a dit d'un ton rageur :
"Encore une fois, quelqu'un a voulu se la raconter en parlant d'une chose qu'il ne connaît pas! De quoi je parle? De Gavalda qui écrit Ecole des Chartres au lieu d'Ecole des Chartes!"
A partir du moment qu'un auteur me prend à rebrousse-poil comme ça, en bafouant ce haut-lieu du conservatisme où j'ai failli entrer, comment dire, je me sens très peu disposée à lui accorder le bénéfice du doute!
Alors, Gavalda, jamais, jamais, jamais! - @ BénédicteLes goûts et les couleurs...
Et je précise que je n'ai pas dit n'avoir pas aimé ce livre. Je l'ai trouvé facile, ce qui n'est pas la même chose. J'ai trouvé le livre plaisant et divertissant, mais ces deux adjectifs n'ont pas suffi à me faire apprécie vraiment le texte qui, finalement, ne m'a rien apporté et vend du vent...