Des galipettes entre les lignes

Chroniques littéraires.

14 juin 2011

Écrire la Révolution 1784-1795 #1

Ce que vous allez lire est l'extrait d'un livre à paraître en octobre (pas avant !). Le grand manitou des éditions de La Louve, Jean-Louis Marteil (lui-même auteur) a eu la gentillesse de me faire découvrir l'ouvrage en grande avant-première. Et comme nous sommes tous les deux des gourmands un brin taquins, nous avons décidé de vous faire saliver en attendant la parution officielle cet automne. Le titre de cette merveille ? Écrire la Révolution 1784-1795 par Gaston de Lévis.

Tentés par de vraies lettres d'un époux à sa femme ? Lettres dans lesquelles l'homme, Gaston de Lévis, se révèle un exceptionnel chroniqueur, un témoin avisé de la Révolution et un amoureux jaloux ? Je vous donne rendez-vous tout l'été ici pour découvrir des extraits de ces lettres inédites et des fac-similés. Ouvrez l'oeil !

Je commence avec un extrait de l'introduction rédigée par Claudine Pailhès qui a rassemblé et annoté les lettres de Gaston de Lévis.

Les lettres de duc de Lévis à sa femme sont toutes des lettres intimes. Il écrit quand ils sont séparés mais la distance et la durée influent sur le contenu. Quand la distance est courte – entre Paris et Versailles ou entre Paris et un des châteaux d’Île-de-France où ils séjournent – ce sont des mots brefs, touchant la vie quotidienne ou les affaires, parfois des digressions plus longues sur les choses de l’amour. Quand la séparation est plus longue – les temps de garnison –, les lettres s’allongent elles aussi et le duc décrit à sa jeune femme son environnement du moment, lui offrant des tableaux souvent pittoresques des lieux et des gens. Quand la distance et la durée de la séparation sortent vraiment du temps ordinaire de la vie, le duc, tout en continuant à s’épancher sentimentalement, transforme ses lettres en de véritables reportages à l’intention de sa femme, devenant ainsi un témoin de premier plan de l’Histoire. Son talent littéraire fait alors de sa correspondance un document exceptionnel.

En 1784 déjà, il nous transporte au cœur de la mosaïque des États allemands, à la cour de Prusse et même dans la chambre de Frédéric II, à Berlin, à Prague et sur les bords de la Néva et du Dniepr au long de pages remplies de vie, d’intelligence et d’humour.

Mais la correspondance atteint des sommets dans le temps de la Révolution. Pauline est partie aux Pays-Bas dès la fin de l’année 1790, elle gagnera l’Angleterre au début de l’été suivant, Gaston reste à Paris. Un an plus tard, il émigrera à son tour, il participera à la campagne de Champagne, puis il ira rejoindre sa femme en Angleterre. Il la quittera encore, et reprendra donc la plume, lors de l’expédition manquée de l’île de Wight puis lors du débarquement de Quiberon. Durant ces longues, très longues séparations, d’autant plus longues qu’on peut toujours les craindre définitives, Gaston de Lévis écrit beaucoup. Il écrit parce que l’écriture est son refuge dans la solitude, parce qu’elle est le lien qui le rattache à celle qu’il aime et parce que c’est le seul moyen de lui faire partager ses états d’âme, sa perception des événements révolutionnaires et ses interrogations, ses doutes sur l’attitude à prendre, de lui faire partager aussi son quotidien, un partage dont ils ont besoin tous les deux. Il l’informe au jour le jour des petits événements de sa vie et des grands événements de l’Histoire. D’où un très vivant tableau du Paris des années 1791-1792, des séances de l’Assemblée nationale aux émeutes en passant par les soirées de théâtre, et d’extraordinaires récits du retour de Varennes, de la fête de proclamation de la Constitution, de l’invasion des Tuileries, de la bataille de Valmy, du désastre de Quiberon…

Ce n’était pas l’objet premier de ces lettres, mais elles se révèlent un remarquable témoignage de première main sur la période révolutionnaire, rédigé sans les arrière-pensées d’un auteur, sans la distorsion du défenseur d’une cause, sans la recomposition qui préside aux "mémoires". Bref, un magnifique cadeau fait à l’Histoire.

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Posté par Lili Galipette à 11:00 - Mon Boudoir - Lignes d'affrontement [16] - Permalien [#]
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Commentaires sur Écrire la Révolution 1784-1795 #1

  • Ça a l'air bien, dis donc !

    Posté par JL, 14 juin 2011 à 11:30 | | Répondre
  • @ JL

    N'est-ce pas ? Je te le conseille !

    Posté par Lili Galipette, 14 juin 2011 à 11:46 | | Répondre
  • Je veux le lire ! Dès sa sortie, je veux le lire !
    Décidemment, j'adore l'Ancien Régime...

    Posté par nath, 23 juin 2011 à 14:36 | | Répondre
  • @ na

    Vieille réac' !

    Posté par Lili Galipette, 23 juin 2011 à 15:09 | | Répondre
  • Je ne me refais pas... Les disettes de transition, les révoltes fiscales, les édits royaux, les exploitations aux Indes, ça me fait rêver tout ça. J'ai fait un pacte avec moi-même : le seul homme que j'épouserai sera celui qui inventera la machine à voyager dans le temps.

    Posté par nath, 23 juin 2011 à 15:34 | | Répondre
  • @ nath

    Orwell !

    Posté par Lili Galipette, 23 juin 2011 à 15:40 | | Répondre
  • Orwell ? Pfff... Moi qui allais dire qu'après tout je le remontais, le temps, moi ! On peut compter sur personne...

    Sinon, Nath, je recommande chaleureusement, en effet, de se jeter sur ce livre exceptionnel dès sa sortie (depuis mon premier roman, aucun bouquin de m'avait "excité" comme ça !) et surtout d'envoyer le maximum de gens en faire autant, ils ne seront pas déçus. Mais Lili suit l'affaire, vous ne pourrez pas, humainement, oublier :

    Posté par JL, 23 juin 2011 à 18:29 | | Répondre
  • @ JL

    Ok JL, tu es notre Orwell !

    Ne t'en fais pas, on est sur le coup ! Je vais demander à la frangine d'informer tous ses potes de prépa !

    Posté par Lili Galipette, 23 juin 2011 à 18:32 | | Répondre
  • Ah ben quand même !

    Sinon, dans mon post précédent, il fallait lire "ne m'avait", bien entendu, et pas "de m'avait", ce qui de toute façon ne veut rien dire du tout, alors c'est une coquille hein, pas une faute, bon, on va pas y passer la soirée non plus !

    Posté par JL, 23 juin 2011 à 18:40 | | Répondre
  • @ JL

    On ne se formalise pas pour si peu !

    Posté par Lili Galipette, 23 juin 2011 à 18:41 | | Répondre
  • Juste pour info : la majorité de mes amis de prépa sont d'incorrigibles médiévistes, alors faut pas trop compter sur eux pour dépasser 1525. Quoi qu'il en soit, pour la machine à remonter dans le temps, je persiste. Les livres, ça aide, mais tout de même, un petit voyage à Pavie ou au sacre de Charles VII, ça me fait envie. L'imagination a tout de même ses limites.
    Mais pour le coup, je guette ce livre-là, ce n'est pas tous les jours qu'on entend le vrai récit de Valmy. Je serai au rendez-vous en octobre. Et incidemment, ça pourrait faire une bonne idée de cadeau pour mon passage aux 21.

    Posté par nath, 25 juin 2011 à 18:24 | | Répondre
  • @ nath

    Filoute ! Tu m'as percée à jour pour ton cadeau d'anniv' ! Bon, y'aura celui-là et un autre...

    Posté par Lili Galipette, 25 juin 2011 à 18:39 | | Répondre
  • On vous dérange pas trop au moins, vous deux ? Sinon, faut le dire, hein ?

    Posté par JL, 25 juin 2011 à 23:57 | | Répondre
  • @ JL

    Ben quoi ? Tu as déjà l'assurance de faire une vente, c'est chouette non ?

    Posté par Lili Galipette, 26 juin 2011 à 08:08 | | Répondre
  • Ouai... Comme ça, quand tu me diras "j'ai acheté ton livre", je pourrais te répondre "ah, c'est toi ?"

    Mais si Nath est LA Nath que je crois/devine/subodore, elle ferait mieux de foncer en Suisse plutôt qu'à Pavie, si elle voit ce que je veux dire !

    Mais je peux me tromper, bien sûr...

    Posté par JL, 26 juin 2011 à 09:27 | | Répondre
  • @ JL

    C'est bien la Nath que tu crois/devines/subodores ! Je n'en connais qu'une !

    Pavie ou Suisse ? Laisse-là d'abord rentrer à la maison !

    Posté par Lili Galipette, 26 juin 2011 à 09:37 | | Répondre
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