Des galipettes entre les lignes

Chroniques littéraires.

29 mars 2012

Le nom de la rose

Nom_de_la_roseRoman d'Umberto Eco. Lettre E du challenge ABC critiques de Babelio.

Un vieil homme raconte la terrible enquête qu’il a menée avec son maître des décennies auparavant. Alors qu’il était novice, Adso était le secrétaire de Guillaume de Baskerville, ancien inquisiteur. En 1327, les deux frères furent appelés dans une abbaye en Ligurie pour résoudre une mort étrange. Mais, rapidement, les morts se succèdent dans l’enceinte religieuse. Les suspects deviennent les victimes et tous les indices pointent vers la bibliothèque, lieu interdit aux hommes, territoire exclusif du vieux bibliothécaire aveugle, Jorge de Burgos.

Pendant sept jours, Guillaume et Adso suivent les traces d’un criminel et mettent au jour toutes les luxures de l’abbaye. Ils se heurtent au silence buté et à l’austérité des moines. Entre passages secrets, mystères et labyrinthe, l’enquête progresse laborieusement. Comment sont morts les moines ? Pourquoi ? Que cherche-t-on à cacher dans l’immense bibliothèque ? Guillaume ne se décourage pas et il sait obtenir les réponses qu’il attend. « Ne me demande pas de te confesser. Ne clos pas mes lèvres en ouvrant les tiennes. Ce que je veux savoir de toi, tu me le diras d’une autre manière. Et si tu ne me le dis pas, je le découvrirai par moi-même. Demande-moi miséricorde, si tu veux, ne me demande pas le silence. Vous êtes trop nombreux à vous taire dans cette abbaye. » (p. 149)

Guillaume de Baskerville est un fin observateur, il sait lire les codes et « les traces par lesquelles le monde nous parle comme un grand livre » (p. 36) et il use avec habileté d’une logique qu’il sait sans cesse remettre en question. Il ne néglige aucun indice et reste ouvert aux coïncidences. « Nous sommes ici en train de chercher à comprendre ce qui s’est passé entre des hommes qui vivent parmi les livres, avec les livres, des livres, et donc même les mots écrits dans les livres sont importants. » (p. 144) Un livre, plus que tous les autres, attise la convoitise des hommes depuis des siècles. Se pourrait-il qu’il se trouve dans cette abbaye et qu’il explique enfin le caractère licite du rire ? Pour trouver ce livre, il faut d’abord déchiffrer le secret de la bibliothèque et se tirer de son labyrinthe et de ses pièges. Le lieu censé être ouvert à la connaissance et au partage du savoir se révèle être une place dangereuse, voire mortelle. « C’est une histoire de larcins et de vengeance entre moines de peu de vertu !, m’exclamai-je, plein de doute. / Autour d’un livre interdit, Adso, autour d’un livre interdit, répondit Guillaume. » (p. 496)

Ce polar historique mêle meurtre et enquête avec histoire de la papauté et de la foi. On assiste à un procès mené par l’Inquisition : les hérésies ravagent le Royaume de Dieu et les inquisiteurs entendent y mettre bon ordre. Se déroulent alors des joutes rhétoriques sur les textes saints et antiques, sur la question de la vérité et de la vraie foi. C’est tout un pan de l’histoire chrétienne qui est présentée. Si certains passages sont un peu longs, l’ensemble reste très intéressant. Que les non latinistes prennent leur courage à deux mains : les citations latines qui foisonnent à chaque page ne sont pas traduites (pas dans mon édition en tout cas), ce qui fait perdre un peu du sens. Mais, globalement, le roman se lit très vite. L’enquête est finement menée en la personne de Guillaume de Baskerville. Adso, qui semble n’être qu’un faire-valoir, est en fait un des éléments majeurs de la résolution de l’énigme. Le roman de la rose est un très bon roman policier et historique. Il ne me reste qu’à revoir le film qui met en scène Sean Connery et Christian Slater dans la peau des deux frères enquêteurs.

ChallengeABC2012

 

Posté par Lili Galipette à 10:05 - Mon Alexandrie - Lignes d'affrontement [26] - Permalien [#]
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Commentaires sur Le nom de la rose

  • J'en garde un chouette souvenir même si, comme tu le dis, j'avais eu du mal avec ces citations latines foisonnantes !

    Posté par Miss Alfie, 29 mars 2012 à 10:28 | | Répondre
  • @ Miss Alfie

    Vive le Gaffiot !

    Posté par Lili Galipette, 29 mars 2012 à 10:31 | | Répondre
  • tu l'as lu quand celui-là ???? mais tu dors un peu la nuit ???
    je l'ai lu en première année de fac, et je me souviens être restée toute une matinée pour le finir ! j'avais beaucoup aimé !

    Posté par George, 29 mars 2012 à 10:46 | | Répondre
  • @ George

    J'ai un clone qui lit pour moi !
    Je l'avais commencé depuis un moment et je l'ai fini hier soir.

    Posté par Lili Galipette, 29 mars 2012 à 10:53 | | Répondre
  • Ah ! Un monument ce roman ! Et le film... oui, je craque pour Sean !

    Posté par Lydia, 29 mars 2012 à 18:26 | | Répondre
  • Je m'auto-censure sur cet article, je ne l'ai pas encore lu et il est dans ma liste depuis un bon bout de temps!

    Posté par Marie-Laure, 29 mars 2012 à 19:35 | | Répondre
  • @ Lydia

    Oui, bon, au bout de la quatrième fois, j'ai compris ! TU CRAQUES POUR SEAN !!!

    Posté par Lili Galipette, 29 mars 2012 à 21:15 | | Répondre
  • @ Marie-Laure

    Alors ne traîne plus !

    Posté par Lili Galipette, 29 mars 2012 à 21:15 | | Répondre
  • @ Lili : En fait, on me disait, lorsque je validais le message, qu'il y avait un problème de connexion et que je devais réessayer plus tard. C'est ce que j'ai fait, ne sachant évidemment pas que finalement le message avait été pris en compte. Tu ne peux pas les effacer ?

    Posté par Lydia, 30 mars 2012 à 18:42 | | Répondre
  • @ Lydia

    Si, je peux, mais ça m'a fait rire.

    Posté par Lili Galipette, 30 mars 2012 à 18:51 | | Répondre
  • Beaucoup aimé aussi!

    Posté par Mélusine, 30 mars 2012 à 22:36 | | Répondre
  • J'ai adoré le film et je suis bien décidée à lire le livre, mais je n'ai pas encore trouvé le temps

    Posté par herisson08, 31 mars 2012 à 22:23 | | Répondre
  • @ herisson08

    Il en demande ! Plus de 600 pages en format poche. Mais ça passe tout seul !

    Posté par Lili Galipette, 01 avril 2012 à 00:24 | | Répondre
  • rarement, un roman m'a tant fait souffrir ! Pourtant, pas mal d'éléments du fond m'ont plu, mais alors la forme! J'ai vraiment parfois du me forcer pour avancer dans ma lecture.
    Les citations latines ne m'ont pas vraiment bloquée, en revanche, ce qui m'a génée c'est ce parti pris de ne pas les traduire, de laisser le lecteur "sur le bas-côté". J'ai vécu ça comme une part de snobisme de l'auteur (peut-être n'est-ce que le fruit de mon imagination) et cela a fortement contribué à me faire bien peu apprécier cette lecture. Même si je reconnais que le livre a tout un tas de qualités.

    Posté par Méloë, 07 avril 2012 à 16:17 | | Répondre
  • @ Meloë

    Tu n'as pas tort, il y a un côté très élitiste dans cette lecture. Mais ça s'accorde avec le sujet : rares sont ceux qui ont le privilège d'entrer la bibliothèque, rares sont ceux qui ont accès à la connaissance.

    Posté par Lili Galipette, 07 avril 2012 à 16:36 | | Répondre
  • Ta remarque est très juste. Je n'avais d'ailleurs pas fait ce rapprochement, c'est intéressant.
    Il n'en reste pas moins que j'aime me sentir "accueillie" par un auteur et son livre. Là, ça n'a malheureusement pas été le cas.
    Une relecture dans quelques années, avec un peu de recul et un peu plus de maturité littéraire pourrait être intéressante.

    Posté par Méloë, 07 avril 2012 à 16:43 | | Répondre
  • Un roman que j'ai adoré. Tout comme le film, d'ailleurs.

    Posté par Liliba, 09 avril 2012 à 18:06 | | Répondre
  • @ Liliba

    Il faut que je trouve le temps de revoir le film.

    Posté par Lili Galipette, 09 avril 2012 à 18:37 | | Répondre
  • Oh il est trop bien, ce film !

    Posté par Liliba, 09 avril 2012 à 19:00 | | Répondre
  • il existe des livres explicatifs de celui-ci !

    Posté par Lystig, 14 avril 2012 à 09:05 | | Répondre
  • @ Lystig

    Des analyses du livre ? Mouais, je ne suis jamais fan de ce genre d'ouvrage.

    Posté par Lili Galipette, 15 avril 2012 à 18:10 | | Répondre
  • surtout explicatifs !
    j'avais un copain de classe (enfin... en fac, mais pas ici) qui l'a étudié pendant six mois en fac !
    (faculté de Rome !!!!)

    Posté par Lystig, 15 avril 2012 à 19:50 | | Répondre
  • Ah, ce film!
    La scène d'amour dans la cuisine m'a traumatisée (j'avais sept ans, je crois que c'était un peu trop tôt... ahem...) pendant des années!
    Mais Sean... même en franciscain il a un sex-appeal irrésistible.
    Oui je sais, je baisse un peu le niveau.
    Mais quand même, il fallait en parler.

    Posté par Violette, 19 avril 2012 à 14:57 | | Répondre
  • @ Violette

    Oui, tu as bien raison !! Sean vaut le détour, mais pas en James Bond !

    Posté par Lili Galipette, 19 avril 2012 à 23:28 | | Répondre
  • Bon, je n'en rajouterai pas sur Sean ! Je crois qu'on a bien compris qu'il ne me laisse pas indifférente non plus !

    Posté par Lydia, 20 avril 2012 à 14:34 | | Répondre
  • @ Lydia

    Pas du tout indifférente !!!!! ♥

    Posté par Lili Galipette, 20 avril 2012 à 14:53 | | Répondre
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