26 mai 2012
La femme du Vème
Après une sordide histoire, Harry Ricks a quitté précipitamment les États-Unis, son université et sa famille. Seul dans Paris, il est démuni et déprimé. Il hante les cinémas et tente, sans succès, d’écrire son premier roman. Son existence s’effondre et Harry désespère de reprendre pied. Son épouse lui interdit tout contact avec leur fille et sa réputation est fortement entachée. Les rencontres qu’il fait sont plus désastreuses les unes que les autres : un gérant d’hôtel sans scrupule, un logeur escroc ou encore un voisin brutal. Dans une misérable chambre de bonne, il voit ses économies fondre à vue d’œil. Il trouve un boulot de veilleur de nuit dans un local assez louche. « Ce qui se passe au rez-de-chaussée, ce ne sont pas tes oignons. Ni maintenant ni jamais. Crois-moi, c’est mieux ainsi. » (p. 95) Mais il ne se pose pas de question : il a besoin d’argent et ça lui laisse le temps de travailler à son roman.
Et il rencontre Margit, la cinquantaine passée. Entre eux, la séduction est brutale et immédiate. Margit est très secrète et elle n’accepte de voir Harry que deux fois par semaine, en fin d’après-midi. « Avec cette femme, il va falloir du doigté, du sang froid, un peu de détachement… » (p. 134) Difficile pour Harry de suivre son propre conseil : totalement subjugué par la troublante Margit, il se laisse dominer par cette relation et ne se reconnait pas. « Tout le monde joue un rôle dans une relation sentimentale. Surtout quand elle est aussi étrange que celle-ci. » (p. 171) Mais de troublantes coïncidences émaillent le séjour parisien d’Harry. Peu à peu, il a le sentiment d’être suivi, voire piégé. Et Margit ne semble pas innocente : « Tu avais besoin de moi pour régler tous les comptes qui restaient en suspens. » (p. 320)
Harry est un passionné de cinéma. En ce sens, le fait que le roman se déroule comme un mauvais film est particulièrement ironique. Entre répliques attendues, situations rocambolesques et scènes un peu trash, le roman est digne des séries B ou des téléfilms de l’après-midi. Les ficelles sont grosses comme des poutrelles et le retournement vers le deuxième tiers du roman est vraiment grotesque. La dichotomie est criante de ridicule entre Harry le raté qui culpabilise et Margit la sublime femme mystérieuse. Enfin, les constantes références à une certaine morale américaine puritaine plombent l’ambiance : l’atmosphère est suffisamment oppressante sans besoin d’en rajouter.
J’ai trouvé de nombreux défauts à ce roman, mais j’ai été incapable d’en arrêter la lecture. Complètement fascinée par la médiocrité certaine du texte, j’ai continué à tourner les pages juste pour relever d’autres défauts et formuler d’autres critiques. Oui, je sais, c’est particulièrement mesquin...
Commentaires sur La femme du Vème
- Je n'ai jamais osé lire un Douglas Kennedy. Quelque chose me freine...
- A l'inverse, j'aime Douglas Kennedy... et surtout ses 1ers romans comme Cul-de-sac (rebaptisé Piège nuptial), La poursuite du bonheur ou encore l'homme qui voulait vivre sa vie qui restent les 3 meilleurs à mon goût.
Son dern roman, Cet instant-là est mieux que ces dern écrits.
La femme du 5è diffère un peu de ses autres romans.
Bref, moi j'aime. - Ho la la ! Son roman le plus naze que j'ai lu ! Bon, certes ce n'est pas prix Pulitzer en devenir (quoique va savoir) mais franchement il a fait des livres qui tiennet la route ! Je te conseille Piège Nuptial (ou Cul de sac), qui peut rappeler On ne boit pas les rats-kangourous d'Estelle Nollet. Et surtout un qui sort de l'ordinaire et qui est magnifique c'est "La poursuite du bonheur" ! Rien que pour te réconcilier (une fois) avec lui !
- J'avais lu "La poursuite du bonheur" que j'avais beaucoup apprécié pour son contexte (la chasse aux communistes aux USA, le maccartisme si ma mémoire est bonne). J'avais acheté "La femme du Ve" aux Etonannts voyageurs en 2007 et ma mère en avait pris un autre. Nous avions comparé nos sensations de lecture et "La femme du Ve" me parait un peu moins bon, avec ce côté surnaturel...