Des galipettes entre les lignes

Chroniques littéraires.

27 mai 2012

Les trois lumières

Trois_lumi_resRoman de Claire Keegan.

Un matin d’été, un père dépose sa fille à la ferme des Kinsella. Pour soulager son épouse qui est encore enceinte, l’enfant passera la belle saison loin de la maison. D’abord mal à l’aise, la fillette trouve auprès des Kinsella tous les bonheurs d’une famille. « On se réjouit de la garder. […] Elle est la bienvenue ici. » (p. 19) Le couple est attentif et tendre et lui voue une affection qui semble compenser une perte. « Oh, n’est-elle pas là pour qu’on la gâte ? » (p. 54) Gâtée, choyée, entourée, la petite fait l’expérience d’un certain bonheur qui tranche avec la rudesse qu’elle a toujours connue.

Si la tristesse affleure parfois dans les yeux de Mrs Kinsella, elle n’en a jamais honte. La peine qu’elle porte est lourde, mais elle n’est pas gênante. « Là où il y a un secret […], il y a de la honte, et nos n’avons pas besoin de honte. » (p. 19) Hélas, l’été devra s’achever. Entre une enfant avide d’être aimée et un couple éperdu d’amour, la vie douce aurait pu continuer, mais septembre sonne le glas de l’heureuse quiétude d’une famille qui s’était choisie.

Il est assez difficile de situer ce roman dans le temps. Il se déroule après les années 50, c’est certain, mais rien n’indique qu’il soit contemporain de l’écriture. L’Irlande est présente, mais de façon très subtile : l’histoire qui est racontée pourrait se passer n’importe où tant la perte d’un enfant représente une douleur universelle.

Ce très court roman est servi par une plume douce et majestueuse. J’espère que la traduction est à la mesure de l’original. J’ai été particulièrement émue par cette enfant si discrète qui ne trouve pas sa place chez elle et n’ose pas prendre la place d’un autre ailleurs.

Posté par Lili Galipette à 11:00 - Mon Alexandrie - Lignes d'affrontement [9] - Permalien [#]

Commentaires sur Les trois lumières

  • les trois lumières

    Cela me fait penser un peu au film "Le grand chemin" mais avec une différence de taille : Anémone et Richard Bohringer formaient un couple qui se déchirait âprement.

    Posté par mamanous, 27 mai 2012 à 12:08 | | Répondre
  • @ Maman

    Je me rappelle surtout du film, assez peu du livre.

    Posté par Lili Galipette, 27 mai 2012 à 12:21 | | Répondre
  • Un de mes grands coups de coeur de l'année dernière. J'ai adoré !

    Posté par jerome, 27 mai 2012 à 15:59 | | Répondre
  • @ jerome

    C'est en effet un excellent roman.

    Posté par Lili Galipette, 27 mai 2012 à 16:01 | | Répondre
  • Je note !

    Posté par Lydia, 27 mai 2012 à 18:32 | | Répondre
  • J'attends une éventuelle sortie en poche. Bon, je sais, je risque d'attendre longtemps. Mais je suis bien tentée par l'écriture de cette dame.

    Posté par Karine:), 02 juin 2012 à 05:06 | | Répondre
  • Il est noté depuis belle lurette, j'attends sa sortie en poche ou son arrivée en bibliothèque

    Posté par Reka, 02 juin 2012 à 15:51 | | Répondre
  • @ Karine:)

    Je pense qu'on peut espérer une sortie en poche d'ici la fin de l'été.

    Posté par Lili Galipette, 03 juin 2012 à 16:37 | | Répondre
  • @ Rek

    C'est avec plaisir que je lirai ton avis sur ce livre.

    Posté par Lili Galipette, 03 juin 2012 à 16:38 | | Répondre
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