Des galipettes entre les lignes

Chroniques littéraires.

16 juillet 2012

Moon palace

Moon_palaceRoman de Paul Auster. Lettre A du challenge ABC critique de Babelio.

Orphelin de mère et abandonné par son père, M. S. Fogg a été élevé par son oncle Victor. Quand M. S. est suffisamment grand pour vivre seul, Victor part sur les routes avec un groupe de musique, léguant de son vivant tous ses livres à son neveu, soit 1492 ouvrages. Seul à New York dans un appartement minable, sans ressource et refusant de travailler, M. S. vend tous les livres de son oncle après les avoir lus. Le jeune homme décide d’atteindre un niveau de conscience supérieur en laissant sa vie se dérouler sans rien tenter pour enrayer sa chute. « Je ferais de ma vie une œuvre d’art, me sacrifiant à ce paradoxe raffiné : chaque souffle de vie me préparerait à mieux savourer ma propre fin. » (p. 42) Seul, pauvre et sublimement désespéré, M. S. attend l’éclipse de lui-même.

Pendant des semaines, il erre dans Central Park, se nourrissant de ce qu’il trouve dans les poubelles et de ce que lui offre la générosité des passants. « J’étais la preuve vivante que le système avait échoué, que le pays béat et suralimenté de l’abondance se lézardait enfin. » (p. 103) Arrivé aux portes de la vie, l'expérience de Fogg s’achève grâce à l’aide de son ami Zimmer et de la jolie Kitty. Une fois remis, M. S. trouve un emploi d’homme de compagnie pour un vieillard aveugle, infirme et fantasque. Au service de Thomas Effing, M. S. apprend à se servir des mots pour dire les choses vraies. « Les mots ont plus d’exigences que cela, on rencontre trop d’échecs pour se réjouir d’un succès occasionnel. » (p. 195) Au-delà des mots qu’il lit et des choses qu’il décrit, le jeune homme doit aussi apprendre à écouter. Le vieux Effing souhaite écrire sa nécrologie avant sa mort. Mais pour ce faire, il entreprend le récit de ses jeunes années et raconte comment il est devenu ce vieil homme aveugle et paralytique. Finalement, dans la troisième partie du roman, M. S. Fogg retrouve son père et retrace toute l’histoire familiale.

Pas facile de se retrouver dans ce roman polymorphe. Ce qui semble d’abord être le récit initiatique de Fogg devient la métamorphose d’Effing qui aboutit à l’éclosion finale de Fogg. Au gré des récits enchâssés, la mythologie familiale dont est issu M. S. Fogg se dessine et le hasard en est bien absent. Des années 1960 aux années 1970, le jeune homme accomplit plusieurs révolutions, mais pas autour du soleil : autour de la lune. L’astre de nuit est omniprésent, qu’il s’agisse d’une enseigne lumineuse ou du message contenu dans un biscuit chinois. J’ai assez peu compris cette obsession pour la lune, mais il est certain qu’elle influence sans fin l’existence de M. S. Fogg.

Même si beaucoup d’éléments m’ont échappé, j’ai aimé cette lecture et l’écriture de Paul Auster. Voilà un texte assez tordu qui devrait plaire aux adeptes du genre.

Posté par Lili Galipette à 21:15 - Mon Alexandrie - Lignes d'affrontement [10] - Permalien [#]
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Commentaires sur Moon palace

  • Je n'arrive toujours pas à le lire en entier... Et j'ai plusieurs livres dans ma PAL, tous inachevés mais précieux ! J'ai cru deviner pourquoi je ne finissais pas, dans ton billet...

    Posté par Asphodèle, 16 juillet 2012 à 21:27 | | Répondre
  • @ Asphodèle

    N'hésite pas à te forcer un peu ! C'est un bon roman !

    Posté par Lili Galipette, 16 juillet 2012 à 21:39 | | Répondre
  • Je n'ai pas lu celui-ci, mais j'aime beaucoup la célèbre Trilogie new-yorkaise, du même auteur ! Invisible et Le voyage d'Anna Blume sont déjà dans ma PAL, donc j'attendrai un peu pour découvrir Moon Palace.

    Posté par Miss Léo, 16 juillet 2012 à 21:52 | | Répondre
  • @ Miss Léo

    J'avais beaucoup aimé la trilogie. J'ai prévu de la relire très bientôt.

    Posté par Lili Galipette, 16 juillet 2012 à 21:54 | | Répondre
  • La trilogie dort toujours sur mes étagères... Rhôôôô... il va falloir que je fasse du rangement et que je lise tous ces romans qui sont devenus des classiques du genre.

    Posté par Lydia, 17 juillet 2012 à 09:10 | | Répondre
  • @ Lydia

    Allez, hop, c'est l'heure du ménage !!!!

    Posté par Lili Galipette, 17 juillet 2012 à 10:36 | | Répondre
  • ahem, le côté tarabiscoté me rebute un peu, je me sens fainéante ces temps-ci.

    Posté par Melusine, 19 juillet 2012 à 10:47 | | Répondre
  • @ Mélusine

    Oui, je te comprends. C'est l'été...

    Posté par Lili Galipette, 19 juillet 2012 à 11:13 | | Répondre
  • Moi ça me tente d'autant plus que je ne l'ai pas lu et que l'appellation "roman polymorphe" me semble très délectable. Amitiés.

    Posté par Alyette, 20 juillet 2012 à 12:45 | | Répondre
  • @ Alyette

    Je te souhaite une bonne lecture.
    A bientôt.

    Posté par Lili Galipette, 20 juillet 2012 à 15:19 | | Répondre
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