Des galipettes entre les lignes

Chroniques littéraires.

20 août 2012

Le silence de la mer

Silence_de_la_merRoman de Vercors.

Dans une demeure sur le bord de mer, un vieil homme et sa nièce doivent subir l’occupation allemande en la présence de Werner von Ebrennac. « Cela était naturellement nécessaire. J’eusse évité si cela était possible. Je pense que mon ordonnance fera tout pour votre tranquillité. » (p. 22) Devant l’intrus, l’homme et la jeune fille observent un silence farouche. Mais l’Allemand est un être poli, cultivé, amoureux de la France. Il comprend que ses hôtes ne peuvent résister à l’invasion qu’en se taisant. « Je suis heureux d’avoir trouvé ici un vieil homme digne. Et une demoiselle silencieuse. Il faudra vaincre ce silence. Il faudra vaincre le silence de la France. Cela me plaît. » (p. 32) Alors, l’officier parle chaque soir et déclare son amour pour le pays occupé, sans s’offusquer du silence qui pèse chaque jour un peu plus.

De son côté, le vieil homme ne veut pas offenser l’officier allemand, mais lui et sa nièce se doivent de rester fidèles à un idéal de liberté face à celui qui incarne l’ennemi. Et c’est d’autant plus difficile de poursuivre ce silence quand l’ennemi se révèle humain, humaniste et généreux. Finalement, les seuls mots qui seront prononcés seront dits trop tard pour tous.

Superbe récit sur l’amitié entre les peuples, au-delà des guerres et des idéologies délétères. Je me rappelle avoir vu un téléfilm adapté de cette histoire. Impossible de me souvenir des acteurs, mais j’avais aimé ce récit et je m’étais promis de le lire. C’est chose faite et c’est un plaisir infini. De cet auteur, je vous conseille aussi Les animaux dénaturés, ou comment le chainon manquant entre l’homme et le singe peut poser de grands problèmes.

Posté par Lili Galipette à 14:45 - Lignes d'affrontement [14] - Permalien [#]

Commentaires sur Le silence de la mer

  • le silence de la mer

    Le téléfilm en question est de Pierre Boutron, avec Michel Galabru, Julie Delarme et Thomas Jouannet.

    Posté par mamanous, 20 août 2012 à 15:59 | | Répondre
  • @ mamanous

    Ah merci, il me semblait qu'il y avait Galabru !!

    Posté par Lili Galipette, 20 août 2012 à 16:17 | | Répondre
  • Depuis le temps que je me dis que je dois le finir, tu m'as redonné l'envie. Je m'y mets ce soir.

    Posté par nath, 20 août 2012 à 16:43 | | Répondre
  • @ nath

    Le finir ? Il fait à peine 100 pages !! hop hop hop !

    Posté par Lili Galipette, 20 août 2012 à 16:57 | | Répondre
  • Pour ma défense, je l'avais commencé en prépa, alors, même cent pages, ça peut devenir un challenge dans ces circonstances.

    Posté par nath, 21 août 2012 à 09:17 | | Répondre
  • @ nath

    Défense acceptée !

    Posté par Lili Galipette, 21 août 2012 à 09:19 | | Répondre
  • Oh, Vercors, j'aime beaucoup !

    Posté par Lydia, 21 août 2012 à 10:00 | | Répondre
  • @ Lydia

    M'en doutais !!

    Posté par Lili Galipette, 21 août 2012 à 10:15 | | Répondre
  • Le film de 1947 est aussi tres beau. Mais je me suis souvent demandé ce que la mer avait a faire dans le titre. Quelqu'un a une idée?

    Posté par Bénédicte, 21 août 2012 à 13:33 | | Répondre
  • @ Bénédicte

    Probablement parce que ça se passe au bord de la mer, non ?

    Posté par Lili Galipette, 21 août 2012 à 16:46 | | Répondre
  • En fait, l'éditeur de Vercors n'avait pas non plus vu le lien entre le texte et le titre. Oudeville, l'éditeur, voyait plutôt: "Le silence de la nièce". Vercors expliqua ainsi son titre en ces termes : « sous la tranquillité trompeuse de la surface des eaux, [se cache] la mêlée incessante et cruelle des bêtes dans les profondeurs. »

    Posté par Lydia, 21 août 2012 à 17:06 | | Répondre
  • je vois passer ce titre depuis un bout de temps, à l'occasion je me pencherai dessus

    Posté par Mélusine, 22 août 2012 à 13:58 | | Répondre
  • @ Mélusine

    N'hésite pas ! Je suis sûre que tu aimeras !

    Posté par Lili Galipette, 22 août 2012 à 15:43 | | Répondre
  • Lili, Lydia, merci pour vos explications! J'avais oublié que le livre se passe pres de la mer, mais c'est encore plus intéressant d'avoir le mot de l'auteur lui-meme.

    Posté par Bénédicte, 22 août 2012 à 19:12 | | Répondre
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