04 décembre 2012
Thérèse Desqueroux, le film
J’ai lu Thérèse Desqueyroux, le roman de François Mauriac, l’année dernière. J’en garde un souvenir profond.
Sur le blog de Claire, j’ai eu la chance de gagner deux places pour l’adaptation de Claude Miller. Ni une, ni deux, une copine sous le bras et une grosse fièvre sous les cheveux, je suis allée voir le film hier soir.
Le réalisateur a très bien rendu l’esprit étroit et aigre d’une bourgeoisie provinciale obsédée par les terres et le qu’en-dira-t-on. Dans le rôle du mari victime, Gilles Lellouche fait des merveilles et il est épatant en hobereau bordelais. (Parenthèse hormonale : quel bonheur de retrouver Stanley Weber, qui incarne Jean Azévédo, et que j’ai eu tant de plaisir à voir camper Juan Borgia dans la série de Tom Fontana !)
J’en viens au rôle titre. Le seul film où Audrey Tautou m’a convaincue, voire émue, c’est Coco avant Chanel. Ici, elle investit plutôt bien le personnage de Thérèse Desqueyroux, à la fois torturé et farouche. Pendant tout le film, je n’ai pas pu détacher mes yeux de sa bouche : le sourire y est rare, la moue est douloureusement figée. La criminelle n’est pas odieuse, ni repentante, mais elle a la conscience de ne pas être à sa place, encore moins après son geste.
Le film est réussi, mais il lui manque ce qui m’avait tant saisie dans le roman de François Mauriac. Dans le texte, la narration suit le retour de Thérèse chez elle. Elle est dans le train et ses pensées vont au rythme des rails et ne cessent de remonter le temps ou de se précipiter sur le présent immédiat. Le film propose une belle narration, mais trop lisse, trop sage, trop chronologique. Il lui manque cet entrechoquement des idées et des sentiments.
Je ne connais pas l’adaptation de Georges Franju avec Philippe Noiret et Emmanuelle Riva. Impossible de comparer, mais n’hésitez pas à aller voir celle de Claude Miller. Elle dégage une force certaine. Et surtout, n’hésitez pas à lire le roman !
Commentaires sur Thérèse Desqueroux, le film
- J'ai été déçue: j'ai trouvé que cette narration lissée créait des longueurs et rendait le film moins "tendu".
- Bonsoir, je n'avais pas lu le livre et je n'ai pas donc compris tout de suite le bouleversement chronologique (j'ai lu après les premières pages sur le net) que Claude Miller a adopté et qui est préjudiciable tu me le confirmes.
J'ai bien envie de lire le roman !
Quand à l'acteur qui joue Jean Azevedo je ne le connaissais pas et je trouvais qu'il ressemblait au petit copain dans Hélène et les garçons (scuse la culture TV anciennes )
Bises et bonne soirée
Bisous - Je ne sais pas si on peut dire que l'axe adopté par le réalisateur est préjudiciable : le film est une oeuvre à part entière, mais il est sûr qu'il souffre de la comparaison.
Le petit ami dans Hélène et les garçons ? Je me souviens vaguement de la série, mais je ne vois à quel personne tu fais allusion.
Bonne soirée.