Des galipettes entre les lignes

Chroniques littéraires.

07 février 2013

La veuve Couderc

Veuve_coudercRoman de Georges Simenon.

Un samedi, le bus qui va vers Montluçon embarque un jeune homme sans bagage. Au milieu de ses paniers, la veuve Couderc le remarque immédiatement. Ces deux-là n’ont certainement rien de commun, si ce n’est une solitude trop lourde à porter. Et quand la veuve descend du bus, l’homme la suit. Il s’appelle Jean, il a 28 ans, il sort de prison. La veuve Couderc a 45 ans et elle tient seule la maison où elle est entrée gamine comme servante. Après la mort de son époux, le fils de la maison, elle a continué à travailler et à s’occuper de tout, notamment du vieux Couderc.

Sans hésiter, la veuve Couderc, que tout le monde appelle Tati, fait entrer Jean chez elle et lui confie de l’ouvrage. Elle lui ouvre aussi son lit. « Elle l’enveloppait de son regard. Elle prenait possession de lui. Elle n’avait pas peur. Elle tenait à lui faire comprendre qu’elle n’avait pas peur de lui. » Tati n’a pas froid aux yeux et elle sait défendre ses intérêts contre les filles de la maison. Bien que mariées et installées ailleurs, elles crèvent de rage de voir une étrangère régner sur la propriété familiale. Mais Tati a gagné ce droit à force de labeur. Amélie et Françoise, ses belles-sœurs, ont affaire à plus forte partie qu’elles.

Veuve_couderc_filmTati n’a peur de rien. « Ce n’est pas un homme qui capable de me faire peur… » Pas un homme, non. Mais une femme peut-être, ou plutôt une fille, presque une gamine. Félicie, sa nièce, est trop jolie et trop peu farouche. Tati se sait vieille, plutôt laide, mais elle veut croire que Jean ne partira pas et qu’il ne touchera pas à la fille. Et comme les œufs mis en couveuse au grenier, il y a quelque chose qui se prépare sourdement à mesure que Jean est rattrapé par ses souvenirs et par une terreur certaine de la justice.

Une fois n’est pas coutume, je suis venue à ce livre par le film de Pierre Granier-Deferre avec Simone Signoret et Alain Delon dans les rôles principaux. L’adaptation est bien éloignée du roman puisque Jean est présenté comme un fugitif qui se cache des forces de l’ordre. La fin est également différente puisque la mort n’est pas octroyée de la même main (et  je n’en dirai pas plus !) Georges Simenon présente un personnage masculin rêveur et détaché qui m’a rappelé le Meursault de Camus. Le roman comme le film sont deux très beaux morceaux noirs sur fond de paysannerie avare.

Posté par Lili Galipette à 07:30 - Mon Alexandrie - Lignes d'affrontement [9] - Permalien [#]
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Commentaires sur La veuve Couderc

  • J'adore Simenon, et celui là je ne l'ai jamais lu. Je vais le rappeler à ma liste. Belle journée

    Posté par sous les galets, 07 février 2013 à 09:36 | | Répondre
    • Ravie de vous avoir fait découvrir ce très bon roman. Bonne journée.

      Posté par Lili Galipette, 07 février 2013 à 11:21 | | Répondre
  • J'ai vu le film aussi et je me souviens avoir beaucoup aimé, pour Simenon, j'ai un peu de mal... Mais tu me tentes déjà tellement par ailleurs que je ne t'en voudrais pas....

    Posté par Asphodèle, 07 février 2013 à 10:15 | | Répondre
    • Dis, tu te rappelles quand même que c'est toi qui me l'a offert, hein ?

      Posté par Lili Galipette, 07 février 2013 à 11:21 | | Répondre
  • Lili !!! Bah quand même ! Et je sais même qu'il n'y a pas que La Veuve Couderc dans le livre du Swap !!! Je perds la boule pour la mémoire immédiate seulement !!!

    Posté par Asphodèle, 07 février 2013 à 11:33 | | Répondre
    • Ah ouf, tu me rassures ! Je lirai les autres romans plus tard.

      Posté par Lili Galipette, 07 février 2013 à 11:36 | | Répondre
  • Ah, ben voilà, tu en arrives à aimer les romans policiers !

    Posté par Lydia B, 07 février 2013 à 18:31 | | Répondre
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