Des galipettes entre les lignes

Chroniques littéraires.

17 février 2014

Impossible de grandir

Diome_Impossible de grandirRoman de Fatou Diome.

« Une petite fille me poursuit, me harcèle, m’assiège ; après quelques décennies de lutte, je ne peux toujours rien contre ses assauts ; parfois croyant agir à sa guise, je découvre avec stupeur que je ne fais que succomber à ses humeurs : grandir est impossible ! » (p. 14) Salie traîne les douleurs d’une enfance illégitime et une peur panique de quitter son appartement pour celui des autres. « Pourquoi personne ne se sent jamais concerné quand je dis que je n’aime pas aller chez les autres ? » (p. 15) Sans cesse tenaillée par son amie Marie-Odile qui organise dîner après dîner, Salie ne sait plus comment repousser les avances d’un monde qui l’effraie. Sa hantise s’incarne dans la Petite, à la fois némésis et réminiscence d’elle-même quand elle était enfant : cette entité la place face à ses peurs et à ses questionnements. Après des décennies à se cacher, il est temps de grandir, mais comment ? Et pourquoi ? « J’écris pour tous les bâtards du monde, qui se font insulter, torturer et mépriser par des gens moins dignes que leurs parents, car ceux qui égrènent les leçons de morale comme un chapelet sont souvent plus tordus et plus condamnables que ceux qu’ils jugent coupables, uniquement pour avoir osé aimer. » (p. 311)

Que la plume de Fatou Diome est belle ! Mais que la plume de Fatou Diome est complexe ! Je n’ai pas tout compris aux réflexions intimes et philosophiques de la narratrice/auteure. Elle lutte contre son enfance, contre les autres, mais surtout contre elle-même. Et parfois, elle a bien du mal à s’en sortir. « Bande de chafouins ! J’ai peut-être les neurones en compote, d’après vous, mais ce serait là une bonne raison de ne laisser personne me les touiller. » (p. 21) Est-il prudent de se battre contre ses douleurs et ses manques, même s’il s’agit de dessiner la géographie d’une vie nouvelle ? C’est ce qu’explore Fatou Diome dans ce roman exigeant aux accents si personnels.

Lecture dans le cadre du Prix Océans 2014.

Posté par Lili Galipette à 08:00 - Ma Réserve - Lignes d'affrontement [22] - Permalien [#]
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Commentaires sur Impossible de grandir

  • J'ai rédigé ma chronique ce matin, elle paraitra vendredi. Je suis beaucoup plus dure que toi. Le côté psychologique ne m'a pas plu : une vraie psychanalyse de l'auteur aurait été peut-être plus bénéfique pour tout le monde... Même si sur la forme, je relève la belle maitrise des mots...

    Posté par Miss Alfie, 17 février 2014 à 10:10 | | Répondre
    • Rapidement, je me suis laissée bercer par les mots et je m'en susi tenue là.

      Posté par Lili Galipette, 17 février 2014 à 12:48 | | Répondre
  • Je suis en train de le finir. Certes, c'est bien écrit. Mais je serais moins indulgente que toi: ce roman manque de fil conducteur, d'ancrage, il part un peu dans tous les sens et à force de creuser, j'ai eu l'impression de quelque chose d'un peu répétitif et trop abstrait pour moi. Pourtant j'aime beaucoup le sujet et la souffrance qui s'en dégage.

    Posté par Melusine1701, 17 février 2014 à 10:22 | | Répondre
  • C'était prometteur mais si on ne comprend pas tout, je laisse tomber !

    Posté par Lydia B, 17 février 2014 à 11:26 | | Répondre
  • Je n'ai rien contre certains livres dits "exigeants" bien au contraire, il peut y avoir de belles surprises mais entre ton billet et les autres commentaires, je ne suis pas sûre d'avoir très envie de la lire !

    Posté par Asphodèle, 17 février 2014 à 14:19 | | Répondre
  • C'est vrai que parfois son écriture est complexe.

    Posté par vicim/sophie, 18 février 2014 à 20:30 | | Répondre
  • Exigeant, le terme est juste. Je suis en train de le lire et je ne sais trop qu'en penser. Je pense être plutôt dure dans mon avis, j'ai du mal à rentrer complètement dans la narration, cette introspection ne me séduit pas franchement même si je reconnais une belle plume (mais je me demande si le style n'est pas parfois exagéré).

    Posté par MissG, 20 février 2014 à 08:42 | | Répondre
    • Style exagéré ? C'est-à-dire ?

      Posté par Lili Galipette, 20 février 2014 à 12:51 | | Répondre
      • L'emploi de mots de vocabulaire très riches à la suite dans une même phrase par exemple. Parfois j'ai l'impression que tous ces mots bien savants ont été mis pour "épater la galerie".

        Posté par MissG, 20 février 2014 à 21:12 | | Répondre
    • Tiens, je ne serai donc pas la seule ?! \o/

      Posté par Miss Alfie, 22 février 2014 à 08:48 | | Répondre
  • Sur ma PAL depuis des lustres, et si tu dis que c'est une plume complexe, je le suis pas prête de le lire, il me faut du léger en ce moment...

    Posté par liliba, 23 février 2014 à 17:52 | | Répondre
    • Période chicklitt ?

      Posté par Lili Galipette, 23 février 2014 à 18:12 | | Répondre
      • non, mais j'ai besoin de m'aérer la tête, donc les problèmes des autres... ça ne passe pas trop !

        Posté par liliba, 23 février 2014 à 18:43 | | Répondre
  • Une plume complexe, riche, fascinante : je me suis laissée porter par les mots et j'ai noté une tonne de réflexions qui peuvent répondre à nos propres interrogations ...

    Posté par missbouquinaix, 06 mai 2014 à 12:33 | | Répondre
    • Roman trop personnel à mon goût, voire trop impudique.

      Posté par Lili Galipette, 06 mai 2014 à 12:57 | | Répondre
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