Des galipettes entre les lignes

Chroniques littéraires.

23 avril 2014

La grâce des brigands

Ovalde_Grace des brigandsRoman de Véronique Ovaldé.

Que se passe-t-il le 17 janvier 1994 qui nécessite qu’on reprenne depuis le début l’histoire de Maria Cristina Väätonen ? Nous ne le saurons qu’à la toute fin du roman. Maria Cristina a grandi à Lapérouse, entre un père taciturne et une mère trop religieuse. Dès qu’elle a pu, elle a fui ce Grand Nord aride pour Los Angeles, après l’avoir fui si souvent dans ses lectures. « Il ne faut pas que tu restes, tu n’auras jamais rien ici, tu ne seras rien, il faut quitter Lapérouse et aller vers le Nouveau monde, n’écoute rien de ce qui te sera dit pour te retenir, file droit dans tes bottes et n’obéis jamais. » (p. 97) Grâce à son premier roman, très largement autobiographique, la jeune femme acquiert un succès qui ne se dément pas. Dans la cité angelena, elle commence enfin à vivre et rencontre Rafael Claramunt, auteur qui attend le prix Nobel et qui lui ouvre bien des portes. « La présence de Claramunt légitime Maria Cristina partout où elle va. Cela fait très longtemps qu’il n’a rien publié lui-même, mais étrangement la main qu'il a posée sur son épaule fait d’elle un écrivain. » (p. 209) Mais Claramunt est-il un menton bienveillant ou un pygmalion envahissant ? Libérée de sa famille, Maria Cristina ne s’est-elle pas trouvé une autre chaîne ?

Si j’ai retrouvé dans ce roman l’élégance du style de Ce que je sais de Vera Candida, je n’y ai pas trouvé la puissance narrative. Trop de pistes sont esquissées et trop peu aboutissent. On aimerait que Claramunt soit vraiment l’ogre que l’on pressent. On aimerait que la sœur folle de Maria Cristina soit autre chose qu’une ombre. On aimerait que le viol de Maria Cristina ne soit pas seulement une péripétie de plus dans son existence déjà bien secouée. On aimerait qu’il y ait un peu plus de sens entre chaque chose et que le patchwork, à défaut d’être harmonieux, ne se détricote pas par tous les bouts.

Lecture dans le cadre du Prix Océans 2014.

Posté par Lili Galipette à 08:00 - Ma Réserve - Lignes d'affrontement [12] - Permalien [#]
Tags :

Commentaires sur La grâce des brigands

  • Bon, ben, non alors... En revanche, je vais peut-être lire l'autre, "Ce que je sais de Vera Candida".

    Posté par Lydia B, 23 avril 2014 à 13:20 | | Répondre
    • Oh oui, ça te plaira si tu aimes les fictions qui ont un petit air de Garcia Marquez !

      Posté par Lili Galipette, 23 avril 2014 à 18:27 | | Répondre
      • Euh, je suis en train de lire un Garcia Marquez car j'avoue à ma grande honte que je n'en avais pas encore lu. On verra si ça me plaît !

        Posté par Lydia B, 23 avril 2014 à 18:29 | | Répondre
  • Je l'ai trouvé moyen, je suis restée spectatrice de l'histoire tout au long de la lecture ce qui est plutôt gênant pour un roman.
    Finalement, on aimerait et on attend beaucoup de choses et ce ne sont que des esquisses tout le long.

    Posté par MissG, 23 avril 2014 à 15:30 | | Répondre
    • Ton commentaire illustre précisément ce qui m'a gênée dans ce roman.

      Posté par Lili Galipette, 23 avril 2014 à 18:27 | | Répondre
  • Arf, il est dans ma PAL donc je finirai bien par le lire J'avais beaucoup aimé "Ce que je sais de Vera Candida" et puis j'avais trouvé que "Des vies d'oiseaux" surfait un peu trop sur la même vague. Je comptais sur celui-ci pour rattraper le coup :/

    Posté par Cynthia, 23 avril 2014 à 23:44 | | Répondre
    • Je crois que je suis très difficile avec cette auteure que j'ai découvert avec "Ce que je sais de Vera Candida" que j'avais vraiment aimé; Ensuite, j'ai lu "Et mon cœur transparent" et "Déloger l'animal", deux romans qui m'ont déplu ou déçu. Finalement, je vais arrêter de lire cette auteure...

      Posté par Lili Galipette, 24 avril 2014 à 07:20 | | Répondre
  • Je suis rendue au milieu, je trouve que ça part un peu dans tous les sens, et j'ai du mal avec le style narratif, les longues phrases qui intègrent les dialogues. Mais bon, malgré tout, c'est celui qui me plait le plus de la sélection du mois.

    Posté par Miss Alfie, 24 avril 2014 à 09:24 | | Répondre
  • Une auteure qui ne me tente pas malgré ce que je lis de favorable la concernant ! Cela me semble assez superficiel dans l'ensemble... (et tu confirmes mon malaise)^^

    Posté par Asphodèle, 03 mai 2014 à 13:24 | | Répondre
  • Une lecture qui ne m'a pas déplu sur le moment, mais quand j'ai voulu écrire mon article 15 jours plus tard, je me suis aperçue que je n'en avais gardé aucun souvenir ... Ce genre de roman n'est pas trop mon style ...

    Posté par missbouquinaix, 06 mai 2014 à 12:24 | | Répondre
    • Ce n'est pas déplaisant, mais tu as raison, il n'en reste pas grand-chose.

      Posté par Lili Galipette, 06 mai 2014 à 12:51 | | Répondre
Nouveau commentaire