Des galipettes entre les lignes

Chroniques littéraires.

04 août 2014

Le diable tout le temps

Pollock_Diable tout le tempsRoman de Donald Ray Pollock.

De son père, Arvin garde le souvenir d’un homme rendu fou de chagrin par la maladie incurable de son épouse. Il ne peut pas non plus oublier les interminables heures passées sous le tronc de prières, macabre totem élevé à la gloire d’un Dieu sourd et absent. « Aussi loin qu’il pût se souvenir, son père lui semblait avoir passé sa vie à combattre le Diable, tout le temps. » (p. 10) À Knockemstiff, la dévotion est fanatique et la monstruosité à tous les visages. Elle a celui de cet avocat cocu et humilié. Elle a aussi ceux de deux prédicateurs assassins et en cavale. Elle a surtout ceux de ces deux automobilistes qui nourrissent une fascination perverse pour les autostoppeurs. Dans cette portion d’Amérique, le diable est partout, tout le temps.

Ce premier roman aurait pu être écrit à quatre mains par Quentin Tarantino et David Lynch. Macabre, morbide, sanguinolent, blasphématoire, ce texte combine des mythes américains pour en faire des cauchemars éveillés. C’est avec fascination que le lecteur regarde les membres de cette humanité dévoyée cohabiter et s’entrechoquer. Plus les pages se tournent, plus il semble évident qu’il est vain de lutter contre l’horreur et qu’il faut laisser la sauvagerie prendre le dessus. Le diable tout le temps ne peut pas laisser indifférent : soit il révulse son lecteur, soit il le charme par sa beauté perverse. Je suis du deuxième type. Mais ce genre de littérature est à consommer avec modération.

Merci Asphodèle pour ce livre voyageur !

Posté par Lili Galipette à 08:00 - Mon Alexandrie - Lignes d'affrontement [9] - Permalien [#]

Commentaires sur Le diable tout le temps

  • Aaaaaaaaaaaaah grâce aux promos d'été sur les poches, il est dans ma PAL
    Et j'ai tellement entendu qu'il était glauque qu'il ne me fait plus peur ^^

    Posté par Cynthia, 04 août 2014 à 09:34 | | Répondre
    • C'est comme pour les films de Tarantino : la surenchère de glauque ou de gore finit par annuler l'effet du glauque ou du gore !

      Posté par Lili Galipette, 04 août 2014 à 14:29 | | Répondre
  • C'est également Asphodèle qui me l'a fait connaître. Je suis moi aussi dans la deuxième catégorie !

    Posté par Lydia B, 04 août 2014 à 11:32 | | Répondre
    • J'avais lu ton billet : ce livre voyageur a fait des ravages !!

      Posté par Lili Galipette, 04 août 2014 à 14:31 | | Répondre
  • Voilà un livre qui a bien fait de voyager !!! Il a su charmer et horrifier, comme tu le dis et en ce qui me concerne je ne lirais pas ce type de roman tous les jours mais de cette qualité, dans le genre, ce devrait être plus souvent...

    Posté par Asphodèle, 12 août 2014 à 21:06 | | Répondre
    • Puisque tu as aimé ce livre, il faut que tu lises "Le seigneur des porcheries" de Tristan Egolf : même atmosphère !

      Posté par Lili Galipette, 12 août 2014 à 22:13 | | Répondre
  • moi il m'a révulsé, je l'ai abandonné ...

    Posté par missbouquinaix, 30 août 2014 à 10:41 | | Répondre
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