Des galipettes entre les lignes

Chroniques littéraires.

03 septembre 2014

Gilles et Jeanne

Tournier_Gilles et JeanneRoman de Michel Tournier.

Quand Gilles de Rais rencontre Jeanne d’Arc, il n’est qu’un seigneur de province sans ambition, ni grande intelligence. « Il a immédiatement reconnu en elle tout ce qu’il aime, tout ce qu’il attend depuis toujours : un jeune garçon, un compagnon d’armes et de jeu, et en même temps une femme, et de surcroît une sainte nimbée de lumière. » (p. 11) Gilles met son bras et son courage au service de la Pucelle et la mort tourmentée de celle-ci le transforme. Après trois ans de retraite dans ses domaines, terré comme une bête, il est devenu un monstre sanguinaire qui dévore et supplicie des enfants. « C’est si émouvant, un enfant qui souffre ! C’est si beau un petit corps ensanglanté, soulevé par les soupirs et les râles de l’agonie. » (p. 48) Effrayé par ce qu’il est devenu, il demande de l’aide à son confesseur, l’abbé Blanchet. En Toscane, l’abbé rencontre François Prélat, alchimiste persuadé de pouvoir sauver l’âme de Gilles grâce au feu. Hélas, le destin de l’ogre de Tiffauges est déjà tracé et sa légende est en marche.

Michel Tournier fait parler les silences de l’Histoire et tente de comprendre comment le compagnon de la pure Jeanne a pu devenir ce monstre de cruauté. La rencontre entre la pucelle et la bête est pétrie de contradictions, mais également d’évidences : ces deux-là étaient faits pour se connaître et se reconnaître et c’est peut-être la sainte qui a donné naissance au monstre.

En 1970, Michel Tournier écrivait Le roi des Aulnes : Abel Tiffauges y était un descendant direct de Gilles de Rais. Cette figure marque la mythologie de l’auteur. En 1983, en écrivant Gilles et Jeanne, il comble les blancs d’une histoire qui a nourri tant de contes et de légendes. Je ne me lasse pas du style de Michel Tournier, à la fois érudit et poétique.

Posté par Lili Galipette à 08:00 - Mon Alexandrie - Lignes d'affrontement [9] - Permalien [#]

Commentaires sur Gilles et Jeanne

  • C'te honte ! Je ne savais même pas qu'il avait écrit ce bouquin !

    Posté par Lydia B, 03 septembre 2014 à 16:51 | | Répondre
    • Mais non, on ne peut pas tout savoir !!!

      Posté par Lili Galipette, 03 septembre 2014 à 18:36 | | Répondre
      • C'est gentil à toi ! Mais Tournier, quand même... comment ai-je pu passer à côté ?

        Posté par Lydia B, 03 septembre 2014 à 18:43 | | Répondre
        • Dis-toi que c'est une belle surprise et une découverte à faire. N'est-ce pas un plaisir de savoir qu'on ne connaît pas tous les livres d'un auteur qu'un aime ?

          Posté par Lili Galipette, 03 septembre 2014 à 19:16 | | Répondre
          • Tu as raison. On peut dire que tu sais trouver les mots !

            Posté par Lydia B, 03 septembre 2014 à 20:17 | | Répondre
  • J'aime beaucoup Michel Tournier, sa plume mais je ne connais pas non plus sa bibliographie et puis c'est toi qui est ma "découvreuse" attitrée, alors ! J'aime quand tu parles "des silences de l'histoire"...

    Posté par Asphodèle, 04 septembre 2014 à 09:44 | | Répondre
  • Je me suis déjà posé des questions du genre face à ces deux personnages. Gilles de Rais est vraiment heu... intrigant dans toute sa monstruosité.

    Posté par Karine:), 05 septembre 2014 à 00:43 | | Répondre
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