Des galipettes entre les lignes

Chroniques littéraires.

05 mai 2015

Kœnigsmark

Benoit_KœnigsmarkRoman de Pierre Benoit.

Une nuit, quelques heures avant un assaut contre les Allemands, le jeune lieutenant Vignerte raconte ses amours malheureuses à un camarade de tranchée. Tout commence en 1912 quand, pauvre étudiant en Sorbonne, il refuse un poste de professeur dans une école parisienne pour devenir le précepteur d’un jeune duc en Allemagne. En effet, sa vocation universitaire est bien faible face à son goût pour le luxe et la richesse. Raoul Vignerte part donc pour le grand-duché de Lautenbourg-Detmold où il s’éprend follement de la grande-duchesse Aurore, remariée à son beau-frère après la mort étrange de son époux en Afrique. « Tu souffres. De quoi ? De ta maudite imagination. Ne sens-tu pas désormais que le sort pourrait t’offrir vainement les femmes de Paris, les trésors d’Iranie, sans satisfaire le rêve composé de nuées que tu portes en toi ? Elle, cette femme, la grande-duchesse ? » (p. 100) Dans cette cour allemande, Vignerte trouve une bibliothèque fascinante, des intrigues, des mystères, des adultères et des histoires qui sonnent comme des légendes.

Sans aucun doute, ce roman a vieilli, mais le texte a cet aspect jauni qui m’émeut. L’intrigue amoureuse, mise au premier plan, sert à merveille l’intrigue policière, voire politique, qui entoure le remariage de la grande-duchesse Aurore. J’ai souri devant le motif si classique – presque cliché – de l’amour entre le très jeune homme et la femme mariée, tendre rapprochement irrémédiablement voué à l’échec. La figure du jeune pauvre qui « monte » à Paris, puis ici dans une cour royale, est toujours porteuse d’une grande puissante dramatique : on aime voir le jeune homme en découdre, s’enivrer de plaisirs inédits, se croire maître du monde après quelques premiers succès, mais on n’oublie jamais d’où il vient. « Je m’assis humblement dans un coin avec la maladresse de ceux qui craignent qu’on voie qu’ils n’ont pas l’habitude. » (p. 29)

Je ne pense pas me souvenir très longtemps de ce texte tant il raconte une histoire que j’ai déjà lue ailleurs et souvent, mais il m’a offert un charmant moment de lecture et c’est parfois tout ce qu’il faut attendre d’un roman.

Posté par Lili Galipette à 08:00 - Mon Alexandrie - Lignes d'affrontement [6] - Permalien [#]

Commentaires sur Kœnigsmark

  • Ohhhh ! Je me souviens de cette lecture !! Un été de ma jeunesse, j'avais lu un certain nombre des livres de Pierre Benoit (l'Atlantide, la chaussée des géants, la châtelaine du Liban, le roi lépreux, Mademoiselle de la Ferté...et d'autres que j'ai oubliés...
    Cela a toujours été un bon moment de lecture et d'évasion.

    Posté par Mamanous, 05 mai 2015 à 08:24 | | Répondre
    • Je ne pense pas lire d'autres romans de cet auteur. Son style est tout de même bien passé !

      Posté par Lili Galipette, 05 mai 2015 à 19:17 | | Répondre
  • Ho lalala !!! J'ai dû lire ce livre à l'adolescence ! A l'époque ce n'était pas "cliché", ça l'est devenu car nombre d'auteurs ont du s'inspirer de Pierre Benoît que j'aimais beaucoup mais comme tu dis, les sujets n'étaient déjà pas nouveaux, alors aujourd'hui...on en sourit !

    Posté par Asphodèle, 05 mai 2015 à 11:34 | | Répondre
    • Dans le genre relation jeune homme/femme mariée, tu as "Le rouge et le noir", "Le lys dans la vallée", "L'éducation sentimentale"...

      Posté par Lili Galipette, 05 mai 2015 à 19:18 | | Répondre
  • Il faudra que j'y jette un coup d’œil !

    Posté par Lydia B, 07 mai 2015 à 09:58 | | Répondre
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