Des galipettes entre les lignes

Chroniques littéraires.

18 septembre 2015

Canada

Ford_CanadaRoman de Richard Ford.

En 1960, Dell Parsons a 15 ans quand ses parents, acculés par une dette, décident de dévaliser une banque et sont arrêtés peu de temps après. Il passe alors du Montana au Canada, province de Saskatchewan, et commence une autre existence, loin de ses parents et de sa sœur jumelle, Berner. « À cause des choix désastreux de nos parents, la vie normale me laisse sceptique, en même temps que j’y aspire désespérément. » (p. 111) Le narrateur a plus de 60 ans quand il entreprend le récit de son adolescence saccagée. Il tente de comprendre comment son père, retraité de l’Air Force, et sa mère, fille d’immigrants juifs, ont pu vivre si longtemps ensemble alors que rien ne les rapprochait en dehors de leurs enfants. « Leurs deux mondes paraissaient n’en faire qu’un parce qu’ils le partageaient et qu’ils nous avaient. Mais il n’en était rien. » (p. 36)

Remontant l’histoire, il observe la façon dont le ressort se tend jusqu’au braquage et à l’explosion de sa famille. Ses parents dans une direction, sa sœur et lui dans une autre, ce sont quatre destins qui s’étoilent et se repoussent. « Se focaliser sur la silhouette de Berner qui s’en va ferait de toute cette histoire un récit de la perte et du deuil, et ce n’est pas l’idée que j’en ai, aujourd’hui encore. Je crois au contraire qu’elle raconte une progression, un cheminement vers l’avenir, notions qui ne sont pas toujours faciles à appréhender quand on a le nez dessus. » (p. 236) Mais Dell, nourri par l’optimisme de son père et le pragmatisme de sa mère, est décidé à tirer le meilleur parti de sa nouvelle existence à Fort-Royal, dans l’hôtel d’Arthur Remlinger. L’homme est un Américain qui a fui les États-Unis et qui profite d’une nouvelle existence au Canada. À l’instar de Remlinger, Dell veut échapper à son histoire et s’accommoder de la solitude de ses grands espaces intérieurs.

Le Canada, c’est un inconnu géographique et la terre des possibilités. « Le Canada se trouvait au-delà des chutes du Niagara sur le puzzle de mon père. Je n’avais jamais consulté l’encyclopédie à cette rubrique. C’était au nord de chez nous. » (p. 166) Lâché dans un univers parfaitement nouveau, Dell saisit la chance de tout recommencer.

Troublant, bouleversant, ce roman se lit avec patience pour en savourer toutes les beautés et tous les drames.

Posté par Lili Galipette à 08:00 - Mon Alexandrie - Lignes d'affrontement [12] - Permalien [#]

Commentaires sur Canada

  • Je n'ai pas eu la patience d'aller jusqu'au bout en livre audio, je m'ennuyais....

    Posté par Sandrine(SD49), 19 septembre 2015 à 11:48 | | Répondre
  • C'est en effet un texte qui se prête plus à la lecture qu'à l'écoute.

    Posté par Lili Galipette, 19 septembre 2015 à 12:14 | | Répondre
  • J'en ai souvent entendu parler mais je ne l'ai pas encore lu...

    Posté par Lydia B, 19 septembre 2015 à 14:04 | | Répondre
  • J'hésite à m'y plonger, je l'avais noté mais j'ai peur qu'il soit trop lent pour moi et de passer de fait à côté.

    Posté par Miss Alfie, 21 septembre 2015 à 09:25 | | Répondre
    • Il demande une certaine disponibilité d'esprit et du temps, mais si tu as les deux, tu vas te régaler !!!

      Posté par Lili Galipette, 21 septembre 2015 à 18:48 | | Répondre
  • J'ai vraiment envie de le lire mais je n'ai ni le temps ni la disponibilité nécessaires pour le moment et je n'aimerais pas passer à côté, je reporte !

    Posté par Asphodèle, 02 octobre 2015 à 13:49 | | Répondre
  • Tu fais bien !!!

    Posté par Lili Galipette, 02 octobre 2015 à 15:40 | | Répondre
  • Pfff.. bon j'arrête de lire ton blog : 1/ je vais me ruiner 2/ je vais finir par déprimer de voir ma PAL comme ça. Je me suis promis d'arrêter d'entasser.

    Posté par Stéphanie, 23 octobre 2015 à 19:55 | | Répondre
    • Quel est le niveau de la catastrophe pour la PAL ?

      Posté par Lili Galipette, 23 octobre 2015 à 20:04 | | Répondre
  • Je l'ai commencé à sa sorti, remisé au bout de 100 pages. Repris plus tard, et de nouveau abandonné. Je crois que je suis définitivement passée à côté.

    Posté par Naddiear, 06 novembre 2015 à 23:26 | | Répondre
  • Je comprends, ce n'est pas un texte si facile à aborder. Moi, je me suis laissée prendre par un je-ne-sais-quoi de nostalgie. Et puis, ça parlait de Canada, donc forcément...

    Posté par Lili Galipette, 07 novembre 2015 à 07:09 | | Répondre
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