Des galipettes entre les lignes

Chroniques littéraires.

01 août 2016

"Je vous écris d'Italie..."

Deon_Je vous ecris ditalieRoman de Michel Déon.

À la fin des années 1940, Jacques Sauvage revient à Varela, petit village d’Italie. Pendant la guerre son bataillon a mis en déroute la garnison allemande qui occupait les lieux. Sur l’ordre de son ancien supérieur, l’excentrique capitaine de Cléry qui s’était proclamé roi de la ville, il doit retrouver la Contessina Beatrice de Varela et comprendre la fascination qu’elle exerce sur lui. « Elle est un mystère qui peut dévorer un homme. » (p. 19) Étudiant en histoire, Jacques doit également profiter de son séjour pour trouver des réponses aux mystères qui semblent se cacher derrière toutes les ombres de Varela. « Annoncez à Beatrice que vous voulez écrire l’histoire des Varela. Et, incidemment, éclaircissez l’histoire de l’automitrailleuse qui s’est moquée de vous pendant une semaine. » (p. 28) La ville est un vase clos figé hors du temps dans la poussiéreuse gloire de la lignée des condottiere qui l’ont dirigée pendant des siècles. Beatrice est la gardienne de ce passé qui menace ruine alors que sa sœur, l’impétueuse Francesca, est davantage tournée vers l’avenir. Il semble pourtant bien impossible de quitter Varela, sinon au prix de son identité. « Rien de nous atteindra au fond du cœur. Varela est immuable. » (p. 45) Jacques trouvera peut-être la clé des mystères de la ville pendant la fête annuelle dont les préparatifs agitent les habitants. « Le matin de la fête, la ville sembla miraculeusement guérie de sa constipation opiniâtre. » (p. 277)

Me voilà un peu embêtée. Je ne sais pas vraiment si j’ai apprécié ce roman ou si l’ennui est ce qui m’en reste. Il y a une atmosphère fascinante, entre baroque et irréalité, avec un substrat historique puissant et quasiment traité comme une légende. Il y a cet Allemand qui a disparu, ou peut-être pas. Il y a ce peintre et ce poète, artistes dont il semble impossible qu’ils aient vu le jour dans l’aride Varela. Il y a la jeune et belle Adriana qui ne rêve que de projecteurs. Il y a ce chien nommé Diavolo. Beaucoup de choses, donc, qui m’ont plu. Mais il manque un petit quelque chose et j’ai cet étrange sentiment d’inachèvement ou de frustration. La fête annuelle dont il est fait mention dès le début n’intervient qu’en toute fin de roman. Elle aurait pu être un point d’orgue ou un feu d’artifice, mais je la vois plutôt comme un pétard mouillé. Ce roman n’est pas une complète déception, mais une lecture en demi-teinte, peut-être à reprendre dans quelques années.

Posté par Lili Galipette à 08:00 - Ma Réserve - Lignes d'affrontement [6] - Permalien [#]

Commentaires sur "Je vous écris d'Italie..."

  • Il me semble avoir lu quelque chose de cet auteur (il y a longtemps) et avoir eu le même ressenti que toi. Ma mémoire me fait défaut là !

    Posté par Lydia B, 01 août 2016 à 09:08 | | Répondre
    • C'était mon premier roman de cet auteur, je vais encore lui laisser des chances. Il y a quelque chose dans sa plume qui me plaît.

      Posté par Lili Galipette, 01 août 2016 à 10:45 | | Répondre
  • Je viens de lire ton avis et c'est l'une des raisons pour lesquelles je n'ai pas lu ce roman cet été, je n'étais pas bien sûre de l'apprécier et ce n'était pas forcément ce que j'avais envie de lire à ce moment-là.
    Je vais voir ça à la rentrée.

    Posté par MissG, 30 août 2016 à 13:58 | | Répondre
    • Moi, j'avais au contraire très envie de le lire !

      Posté par Lili Galipette, 01 septembre 2016 à 11:33 | | Répondre
  • Bonjour,

    J'ai lu ce roman cet été et je vous trouve plutôt sévère avec M. Déon. Le livre fait son boulot : il raconte une histoire, avec ses péripéties et quelques rebondissements, mais dans une vallée aussi perdue que Varela forcément ceux-ci sont plus discrets qu'un feu d'artifice. Je comprends bien ce que vous dites mais la variété des personnages et la façon dont il en parle m'ont véritablement éblouie, même si ce n'est pas le roman que j'ai préféré de Déon. Je vous conseille à ce titre "Je ne veux jamais l'oublier" (que j'ai lu il y a plus longtemps et que j'ai vraiment aimé, d'ailleurs il me semble qu'il y a encore un Jacques et une Béatrice...). Mais attention cette histoire tombe un peu à plat aussi, c'est ce qui fait sa beauté...
    Belle critique dans tous les cas, que j'ai parfaitement comprise sans la partager
    Bonne soirée !

    Posté par Joséphine, 01 septembre 2016 à 16:57 | | Répondre
    • Peut-être sévère... en tout cas honnête.
      Bonne journée.

      Posté par Lili Galipette, 02 septembre 2016 à 10:16 | | Répondre
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