Des galipettes entre les lignes

Chroniques littéraires.

22 septembre 2023

En un combat douteux...

Steinbeck_En un combat douteuxRoman de John Steinbeck.

En rejoignant le parti communiste américain, Jim Nolan pense faire une différence. Il veut agir et mettre à profit sa colère face aux injustices. « Mon père luttait contre les patrons ; moi contre la faim surtout. Mais nous étions toujours battus. » (p. 31) Avec Mac, camarade communiste, il rejoint la vallée de Torgas : la période est à la cueillette des pommes, juste avant la récolte du coton. L’objectif de Mac et Jim est simple : pousser les travailleurs à se mettre en grève et à réclamer de meilleurs salaires, injustement diminués avant les embauches. « Nous savons que vous avez souffert. […] C’est ce qui nous attend, nous, les petits. Nous travaillons pour que cela cesse. » (p. 193) Passé l’enthousiasme premier, il est difficile de maintenir l’exaltation et de mobiliser les hommes qui ont faim et qui craignent les représailles des propriétaires terriens et des forces de l’ordre. « Une grève trop vite étouffée n’apprend pas aux ouvriers à s’organiser, à agir ensemble. Une grève qui dure est excellente. Nous voulons que les ouvriers découvrent combien ils sont forts quand ils s’entendent et agissent d’un seul bloc. » (p. 40 & 41)

Mac, communiste aguerri, fait feu de tout bois pour attiser la colère des grévistes et faire durer le blocus. Il est prêt à consentir à de nombreuses pertes, y compris humaines, pour faire gagner la cause. Ce n’est pas cette grève qui compte, c’est l’avenir de tous les ouvrier·es, dans tous les champs et toutes les usines du pays. L’individu ne compte pas, pas plus que les intérêts particuliers : Mac voit grand, pour l’intérêt général. À ses côtés, Jim apprend le métier et ce que c’est qu’être un meneur de grève. Rapidement, le jeune homme dévoile des qualités précieuses et dépasse le maître. « Une foule, c’est merveilleux lorsque l’on peut se servir d’elle […] Une fois lancée, elle est capable de tout. » (p. 342)

John Steinbeck savait si bien écrire la pauvreté et le mécontentement des ouvrier·es et dénoncer les manigances obscènes des propriétaires et des patrons, toujours prompts au paternalisme. « Nous savons tous que nous ne pouvons pas gagner d’argent si les travailleurs ne sont pas heureux. » (p. 269) Ce roman m’a happée pendant de longues heures : j’étais comme Jim, fiévreuse et exaltée à l’idée de participer à un mouvement supérieur, guidée par le sens du bien commun. Preuve que ce texte est une grande œuvre, c’est que, même si le contexte change, le propos demeure très actuel.

Posté par Lili Galipette à 08:00 - Mon Alexandrie - Lignes d'affrontement [4] - Permalien [#]

Commentaires sur En un combat douteux...

  • J’ai pris le même intérêt que toi à cette lecture
    Ce livre reste très actuel

    Posté par Dominique, 23 septembre 2023 à 08:58 | | Répondre
    • Ouh là, ton commentaire s'était perdu dans les spams, désolée !!!

      Oui, c'est une lecture qui résonne beaucoup avec l'actualité et les combats sociaux que nous connaissons.

      Posté par Lili Galipette, 31 octobre 2023 à 18:25 | | Répondre
  • Je ne le connais pas celui-ci.

    Posté par Lydia B, 24 septembre 2023 à 14:05 | | Répondre
    • Pas loin d'être un de mes préférés !!!
      Après, je dis ça de tous les romans de Steinbeck.

      Posté par Lili Galipette, 24 septembre 2023 à 16:07 | | Répondre
Nouveau commentaire